Dans les fêtes familiales ou amicales, il parait qu'il y a deux sujets à éviter: la religion et la politique.
Alors imaginez quand la politique se mêle de religion ou que la religion se mêle de politique. Même si le projet de
Charte des valeurs québécoises n'est pas l'objet de mon billet, je me permets de dire que je trouve que le débat devait avoir lieu. Du même souffle, j'ajoute que je suis
pour la laïcité de l'État. Curieusement, la
Commission scolaire de Montréal, depuis des années résolument en faveur des écoles laïques et non confessionnelles sur son territoire, dit qu'il faut faire preuve de tolérance concernant le port du voile islamique. Fermons la parenthèse.
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Marie-Josée Arel |
Dans mon dernier billet, je vous ai présenté un livre acheté au Salon du livre, écrit par
Marie-Josée Arel qui est entrée chez les religieuses à 22 ans avant de quitter le couvent à l'âge de 28 ans. Pourquoi elle a quitté? Une religieuse doit faire 3 vœux:
pauvreté, chasteté, obéissance. C'est ce dernier vœu qui était devenu insoutenable. Elle se sentait brimée, humiliée. Son livre ne décrit pas en détails les circonstances de son départ. Mais on sent qu'il y a eu un affrontement à un point tel que Marie-Josée a ressenti de la culpabilité et a voulu demander pardon. J'ai dit dernièrement que mes deux plus grandes valeurs étaient
l'amour et le pardon.
Le pardon? Écoutez bien cette confidence de Marie-Josée Arel. Elle a cru nécessaire d'écrire à la communauté religieuse qu'elle avait quittée et demander pardon: "
Ainsi, je me revois écrire aux supérieures de la communauté 7 ans après mon départ. Je leur demande pardon et je leur offrais le mien. Avec quel soulagement, je me suis rendue à la poste, convaincue que ma missive aurait un effet bénéfique sur moi et ces personnes. Quelle présomption...
Mon cœur s'est trouvée allégée jusqu'à ce que je reçoive une réponse de leur part, aussi froide qu'un bloc de glace. Des 2 personnes m'ayant écrit, aucune ne me demandait pardon. L'une soutenait même ses agissements passés. Manifestement, ma démarche n'avait rien changé pour elle.
On peut facilement imaginer sa souffrance. Elle a donc accepté de donner son pardon sans atteindre rien en retour, par pure compassion. Ça me touche. Je dirais même que ça me bouleverse. Comment peut-on consacrer sa vie à Dieu et être incapable de pardonner?
Sans se consulter, Laure a acheté un livre sur l'histoire des religieuses au Québec. À peu près dans la même période, deux religieuses ont produit leur biographie en librairie. Les deux sont de véritables phénomènes avec beaucoup d'énergie.
La première:
Marie-Paul Ross, religieuse, infirmière et docteure en sexologie. Son histoire est digne des meilleurs films américains. Elle a appris le karaté et a vécu en Amérique du Sud, notamment au Pérou et en Bolivie, côtoyant des terroristes et des bandes armées, y compris des militaires qui l'ont menacée de mort à quelques reprises.
Sur une plage, en compagnie de deux jeunes filles en maillot de bain, elle a réussi à attendrir des hommes armés en leur parlant du Bon Dieu. Heureusement pour elle, c'est le coin le plus catholique du monde même si les mœurs ne sont pas toujours conformes aux enseignements bibliques.
Femme informée, directe et claire dans ses propos, elle est souvent sollicitée par les médias (radio, télévision, presse) dans le but d’apporter un éclairage d’experte sur des problématiques de l’heure. Ses interventions se sont principalement réalisées en Europe de l'Ouest (Espagne, France, Portugal et Italie), en Amérique du Sud (Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Équateur et Pérou), en Amérique Centrale (Costa Rica, Guatemala, Nicaragua et Honduras), dans les Antilles (Porto Rico, République Dominicaine, Haïti et Cuba), en Amérique du Nord (Canada, États-Unis et Mexique), en Afrique (Malawie et Zambie) et en Asie (Corée du Sud).
Voir
http://www.iidicanada.com/fr/institut/dre-marie-paul-ross
Dans mon billet
La vie en pièces attachées, je disais m'étonner du fait que les motards criminalisés et les membres de la mafia tiennent souvent à des funérailles à l'Église. Marie-Josée Arel a écrit à la page 114 de
Dieu s'en moque en parlant des sentiments de rage qui l'animaient parfois:
Il n'y a aucune différence entre moi et le pire des criminels. Ce fut l'une des plus grandes leçons d'humilité de mon existence. Oui chacun de nous est capable du meilleur comme du pire.
Marie-Paul Ross a été scandalisée par les abus sexuels dans l'Église. Elle a aidé des victimes envers qui elle a ressenti beaucoup de compassion. C'est ce qui l'a motivée faire son doctorat en sexologie. Elle a été dénoncée jusqu'à Rome. Et c'est nul autre que le pape Jean-Paul II qui l'a réhabilitée. Il l'a encouragée à poursuivre sa mission.
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Sœur Angèle |
La 2è:
Sœur Angèle qui a laissé le hasard décider de l'endroit où elle allait vivre. Elle a placé 2 billets sous son oreiller: l'un à droite avec l'inscription Suisse et l'autre à gauche avec l'inscription Canada. Elle s'est réveillée la tête à gauche. Alors, elle a décidé de venir vivre au Canada. Son père, un italien, était bien découragé de voir qu'elle voulait aller si loin. Ce ne sont pourtant pas les couvents et les églises qui manquent en Italie.
Très tôt, elle a mis ses talents culinaires au profit de la communauté religieuse qui l'a accueillie. Un jour, elle s'est inscrite à un concours de recettes de niveau international. À sa grande surprise, elle a gagné le premier prix. Ce fut le début d'une grande célébrité.
Mais tant d'honneurs, de visibilités, de louanges ont inquiété la sœur supérieure de sa communauté. Cette dernière lui a interdit toute apparition publique, même en enseignement à l'extérieur de la communauté. Sœur Angèle s'est résignée, non sans peine.
Heureusement, cinq ans plus tard, une autre supérieure fut nommée et redonna à Sœur Angèle le droit de retourner briller sur la place publique et à l'Institut d'Hôtellerie du Québec où elle avait acquis ses lettres de noblesse comme enseignante. Son caractère enjoué en ont fait une star. Voici les grandes lignes de sa biographie:
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Cavaso del Tomba: au nord est (en brun) |
Au lendemain de la guerre, la jeune Angiola émigre à 17 ans Soeur Angèle (Angiola Rizzardo) est née en Italie en 1938, à l’aube de la deuxième guerre mondiale à Cavaso del Tomba (Trévise en Vénétie), d’une famille nombreuse de paysans montagnards. Elle a connu toutes les horreurs d’une guerre absurde et son lot d’injustices sociales et de discriminations raciales et politiques. Une fois la guerre terminée, elle décide d’émigrer. À peine âgée de 17 ans, elle entreprend seule ce grand périple jusqu’au Québec.
Une vocation claire
Au Québec, elle se dédie à la cause des immigrants, leur offrant son aide sans aucune distinction de race ni de culture. Sa dévotion à la Madonna del Covolo est grande, Elle qui depuis sa plus tendre enfance toujours la protégea et la sauva miraculeusement dans les situations les plus dangereuses. Ainsi voit-elle sa mission s’accomplir lorsqu’elle entre dans les ordres et rejoint la congrégation de Notre-Dame du Bon-Conseil à Montréal.
Animatrice à Radio Canada aux saveurs de l’Italie
De façon inattendue, elle entre à Radio-Canada et devient petit à petit une grande vedette. Elle prône une alimentation canadienne saine, sans renier ses lointaines origines vénitiennes, souvent source d’inspiration dans ses recettes. Sourire aux lèvres, partout, on l’apprécie. Elle reçoit d’ailleurs le titre d’ambassadrice officiel du Ministère de l’Agriculture du Canada. Elle se voit également décerner le prestigieux prix du Gouverneur général du Canada.
Source:
http://www.marcelbroquet.com/produit/soeur-angele-biographie-concetta-voltolina-concetta/
Toutes ces belles histoires ont ceci en commun: elles sont des femmes exemplaires ayant fait preuve de dévouement et de compétences qu'elles ont mis au service de leurs collectivités. Ce sont des femmes admirables qui méritent toute notre estime. Je suis toujours émue et un peu triste de voir des personnes tout quitter pour se donner aussi généreusement et mériter reconnaissances. D'accord, je reconnais que certaines n'en méritent pas. Mais doit-ont oublier toutes les autres?
Bien sûr,
l'histoire des communautés religieuses du Québec ne fait pas que des admirateurs et des admiratrices. Certaines critiques sont bien fondées.
Les religieuses, c'est une espèce en voie de disparition. Est-ce un mal pour un bien? Leurs trois vœux
pauvreté, chasteté et obéissance supportent mal le test des scandales dont ils ont été l'objet. C'est triste et regrettable.
Suite à mon dernier billet, Caboche a bien résumer ce qui irrite:
Caboche a dit...
En lisant l’énumération des vœux que prononcent les religieux et religieuses, j’ai eu instantanément une poussée d’urticaire. Je me souviens de ma mère, veuve après 5 ans de mariage et avec une jeune enfant, comment elle a pu tirer le diable par la queue pendant bien des années, pendant que deux de ses sœurs religieuses s’en mettaient plein la panse, bien nourries et habillées, au chaud dans leur couvent, avec leur vœu de pauvreté. Y a pas plus riches que les communautés religieuses.
Je crois que pour ce qui est de la chasteté, quelques frères et curés ont manqué à leur vœu. Quant à l’obéissance érigée en vœu, il y a de grandes chances qu’elle devienne aveugle et empêche la personne de penser par elle-même.
L’éducation donnée dans les écoles et les collèges, tant par les religieux que par les laïcs encore aujourd’hui, est axée sur l’accumulation des connaissances. Mais une tête bien pleine ne fait pas nécessairement d’une personne, quelqu’un qui est capable de penser par elle-même.
Bien qu’aujourd’hui nous ayons accès à plein de moyens de communication et qu’on puisse se renseigner sur un tas de choses, encore faut-il être capable de penser par soi-même et d’exercer son jugement critique. L’esprit critique s’accommode mal des dogmes.
On ne peut cacher que l'histoire des communautés religieuses du Québec a soulevé bien des passions, souvent avec raison. Au Salon du livre, à quelques pas de Marie-Josée Arel, un homme avait aussi un kiosque. Il avait un livre dénonçant les d'agressions sexuelles par des membres des communautés religieuses. Derrière lui, il y avait une grande pancarte où on pouvait lire:
Les religieux m'ont agressé sexuellement. Qu'ils paient! On ressentait un malaise en passant par là. Je n'ai vu personne s'arrêter.
Je ne veux pas porter de jugement sur les communautés religieuses. Mais j'ai le goût de parler de mon expérience personnelle puisque j'ai été 10 ans pensionnaires chez les religieuses. J'avais cinq ans lorsque j'y ai été admis pour la première fois. Je me souviens encore très bien de mon arrivée là et des sentiments qui m'animaient. Je portais le numéro 50 et Yves, mon frère ainé portait le numéro 59. J'en parlerai dans mon prochain billet.
Bien sûr, on nous a raconté bien des histoires auxquelles nous avons cru de toute notre âme. On nous a appris comment Dieu avait créé le premier homme et la première femme. On nous a appris que la femme avait été créé pour l'homme, pour son bonheur. C'est une blague ;-)
Mais, selon ce que les religieuses m'ont enseigné, c'est la femme qui a causé la chute de l'homme en l'entrainant dans le péché autour d'un pommier. Quand une femme veut me donner une pomme, je refuse toujours. C'est une blague :-)
Dites-moi, est-ce qu'on nous prenait tous pour des poissons en nous racontant de telles sornettes?
Au risque de vous surprendre, nous étions de vrais poissons avant d'être des hommes et c'est du Québec que vient le premier ancêtre de l'homme. Il a été découvert en Gaspésie. Ce n'est pas une blague. Vous pouvez voir le reportage scientifique sur le lien qui suit:
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/science/2013/10/30/002-elpistostege-watsoni-presentation-la.shtml
Le premier fossile complet d'un Elpistostege watsoni, découvert il y a trois ans par des chercheurs du parc de Miguasha au Québec, a été présenté à la communauté paléontologique internationale lors d'un congrès qui se tient actuellement à Los Angeles, aux États-Unis.
Les restes fossilisés du poisson de 1,60 m de long, très bien préservés, étaient ensevelis au pied de la falaise de Miguasha en Gaspésie depuis 380 millions d'années.
Ils appartiennent à l'espèce Elpistostege, dont on ne possédait jusqu'ici, dans le monde, que trois fragments, également découverts au Québec.
C'est le paléontologue Olivier Matton qui a fait la découverte.
" Mais là, on prenait conscience qu'on avait trouvé le tout premier Elpistostege complet de l'histoire du site de Miguasha, le tout premier à l'échelle planétaire en fait".
Olivier Matton et le fossile d'Elpistostege
A suivre...