Tous les vices à la mode passent pour des vertus (Molière)On a beaucoup parlé de résistances au changement. Il y a eu son pendant: vouloir tout changer même ce qui allait très bien. Pensez au Bloc! Il y a des modes. Il y a même eu une mode contre la mode: des vêtements mal ajustés, des pantalons trop larges, des jeans vendus déchirés au genou ou à l'arrière, des chandails trop courts ne protégeants pas suffisamment le nombril, etc...
On peut s'en amuser un peu. Mais, quand on veut trop se mettre à la mode, se moderniser, le prix culturel et social peut être élevé. Dans les années 60, il y a eu le slogan politique accrocheur "Il faut que ça change!"
Pour une fois, les politiciens ont tenu parole, avec une équipe du tonnerre. Et il a grondé fort, le tonnerre. La révolution tranquille a créé un cadre très stimulant. Mais... on a jeté par dessus bord des pans de notre société que nous aurions dû protéger. Admettons toutefois que ça aurait pu être pire.
Imaginez, le maire de Montréal, Jean Drapeau, avait failli faire détruire tout le vieux Montréal pour y installer des bouches de métros. Il en voyait partout. Au delà de 150. Et tout autour, il imaginait d'immenses tours modernes au centre ville.
Ce projet obtient sans conteste «la palme de l'éradication de l'habitat populaire», affirme l'architecte André Lortie dans son livre Montréal voit grand. Le rêve est pourtant beau: en 1966, on dresse les plans d'une université ouvrière en plein centre-ville. Elle aurait compté 12 pavillons et des résidences d'étudiants sur un campus digne des grandes institutions anglo-saxonnes.
Petit détail: il fallait raser la quasi-totalité du Plateau-Mont-Royal. Carrément. Du parc La Fontaine au boulevard Saint-Laurent, de la rue Rachel à l'avenue des Pins, tout aurait été démoli, au nom de la «rénovation de l'est de Montréal». Le projet est «plus destructeur encore que l'éradication du Faubourg à m'lasse pour Radio-Canada», commente André Lortie.
Il ne verra heureusement pas le jour, remplacé par une version plus modeste animée par les mêmes nobles motifs: l'Université du Québec à Montréal.
Comment expliquer la facilité avec laquelle on envisageait à l'époque la destruction de quartiers entiers? Une idée l'emportait sur tout: le progrès. «À l'époque, tout était permis, on pensait que Montréal aurait 7 millions d'habitants, qu'il fallait détruire les quartiers anciens qui entouraient le quartier des affaires du centre-ville, rappelle Richard Bergeron. Il fallait se préparer à la construction de 150 tours. C'était ça, la vision de Drapeau.»
Les quartiers aujourd'hui branchés, comme le Plateau-Mont-Royal, étaient loin d'avoir autant la cote dans les années 60, rappelle Dinu Bumbaru, directeur des politiques à Héritage Montréal. «Dans beaucoup de quartiers, le tissu social était effectivement affaibli, des quartiers qui étaient devenus des maisons de chambres, presque des quartiers de transition. On était sans mémoire et sans merci, on avait peu de pitié pour ces quartiers.»
Et il y avait une «apathie» de la population, estime-t-il.
Voir Montréal l'a échappé belle!
En 1973, j'ai eu le plaisir de passer 6 mois en France dans le cadre de mon travail. J'avais un projet de recherches sur les ressemblances et les différences sur la façon d'initier les changements d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique. Ma plus grande découverte, en France, fut le respect des édifices en place, leur envrionnement. Et c'était aussi vrai au plan de l'architecture que des institutions en général. À cette époque, la loi d'aide sociale venait d'être réécrite, au Québec, comme si aucune mesure sociale n'avait existé avant. On a tout bâti sur du neuf. En France, on voyait beaucoup de traces de règles mises en place par Napoléon.
Au niveau de l'architecture, leur mise en valeur, l'amour de communiquer les événements historiques s'y rattachant m'ont fortement impressionné. Il me venait vite à l'esprit que nous n'hésitions pas à soumettre des quartiers entiers aux pics des démolisseurs pour tout reprendre à neuf.
Ici, plusieurs édifices charmants d'une valeur inestimable ont été détruits au nom de la modernité.
Ce phénomène n'est pas unique. On a vu souvent un homme décider à lui seul, ou presque, du sort de notre patrimoine. Beaucoup de quartiers entiers de nos plus beaux villages ont complètement été rayés de la carte, à l'autel de la modernité. Ce fut le cas à Havre-Saint-Pierre. On me dit que les Iles-de-la-Madeleine ont connu un courant semblable.
On regardant des anciennes photos de Havre-Saint-Pierre, je me demandais ce qui avait bien pu se passer.
À droite:le couvent;
en allant vers la gauche: l'église et e presbytère.
Tous ces édifices ont disparu.
Y avait-il eu un incendie, une guerre ou même un tremblement de terre? Non. Il y avait eu un curé: le Père Simon Larouche. Il avait du pouvoir. Un curé moderne. Depuis des années les curés avaient ramassé de l'argent à la quête du dimanche, quête qu'ils appelaient la part de Dieu.
On voulait remmplacer l'église en bois, avoir une plus belle maison pour Dieu et avoir plus de places. Pourtant, cette église avait beaucoup de charmes. Elle était de plus le témoin vivant d'une bien belle époque où s'étaient succédées plusieurs génération. Certains habitants de Havre-Saint-Pierre avait le coeur brisé à l'idée de voir disparaître l'église de leurs ancêtres. Mais personne n'aurait osé contredire le curé.
Les premiers habitants de Havre-Saint-Pierre étaient de souche acadienne et venaient des Iles de la Madeleine. Un an et demi après la fondation de leur village, les chefs de familles, au nombre de 23 décidèrent de construire leur première chapelle. C'est impressionnant de voir comment les premiers habitants d'un territoire de Nouvelle France se retroussaient vite les manches pour se donner une chapelle, une église. En janvier 1859, malgré un hiver très froid, ils se mirent à la tâche, coupant le bois nécessaire. Elle fut terminée la même année.
Mais on n'allait pas s'arrêter là. À peine 5 ans plus tard, une souscription permit d'amasser les 3 000$ nécessaires à la construction d'une véritable église où la première grand-messe fut chantée le 5 juin 1867. Pourtant, ces gens là étaient pauvres. Ils avaient cependant du cran et de la débrouillardise.
De nos jours, on détruit des églises parce qu'on manque de fidèles. À cette époque, on en détruisait parce que les églises étaient trop petites.
Au mois de mai 1961, l'église des anciens fut démolie. Avec les années, la fabrique avait accumulée un fond de 125 000$ qui devait servir à la construction d'une nouvelle église. L'argent brûle toujours les doigts de celui qui en accumule, fut-il même un homme de Dieu.
Le 5 mai, le curé Larouche arriva sur le bateau de la compagnie Komo construction de Québec. Il n'y avait pas de route pour se rendre à Havre-Saint-Pierre avant 1974 et les rues ne portaient pas encore de nom. En 1953, il y avait aussi un aéroport situé sur l'emplacement actuel du Centre d'achat, à 10 minutes, à pied, de la mer.
Déjà à cette époque, il fallait se méfier de l'industrie de la construction. Ce n'est pas nouveau. Pour vous mettre dans l'ambiance, vous pouvez voir Véronique Cloutier se moquer de la corruption récente: Voir Bye Bye 2010
Le Père Simon Larouche avait l'argent et le contrat de construction. Mais la compagnie Komo Construction sortit un lapin de son sac: elle chargeait un montant additionnel de 12 000$ pour démolir l'église. Le curé demanda donc avec insistance à tous les paroissiens de participer à une grande corvée de démolition le 6 mai. Il était trop tard pour reculer. Le contrat était signé. Tout le monde devait être présents. Aussitôt la messe terminée on se mit à la tâche.
Voici le récit que l'on trouve dans le programme souvenir du 125 anniversaire de la paroisse à la page 61: Le premier qui arriva à la sacristie fut papa: monsieur Frédéric Jomphe. Je demande à papa de décrocher l'horloge et de l'apporter à la salle paroissiale. Puis arrivaient Paulo Landry, son frère Joseph et quelques autres avec des barres à clous, des haches, des marteaux. Après quelques réflexions, on décida de commencer par les confessionnaux en faisant attention aux vieux péchés qui pouvaient avoir été oubliés àa l'intérieur de ces murs.
Puis de là, les gens arrivaient par groupe avec leurs outils de démolition. Dans peu de temps, 75 étaient arrivés sur les lieux et se mirent en marche par le dehors et le dedans. Des soutanes, des crucifix, des cadres, des chandeliers, enfin tout le bagage d'une sacristie en service depuis près de 100 ans.
Vers 13h30, par groupes de 15 ou 20, il y avait environ 150 gars qui étaient arrivés. Le Père Le Gresley est venu pour sortir le St-Sacrement à travers les bancs cassés et les débris de bois déjà accumulés dans les allées avec un vacarme d'enfer. Il a fallu 11 minutes pour sortir les bancs attachés au plancher. Puis ce fut les fournaises, l'orgue, les cloches...
Vers 6h, l'église avait bien triste mine,il ne restait de sa carcasse que les pièces du carré, la couverture débardoisée et le clocher qui attendait. (...)
Le 15 avrill 1962, dimanche des rameaux, la nouvelle église est ouverte au public pour la semaine sainte. La nouvelle église de Havre-Saint-Pierre, photo 2010 Je suis souvent incomodé par les fils électriques que l'on dispose n'importe où dans le décor sans se soucier de l'esthétique. C'est ainsi devant l'église de Natashquan et beaucoup d'autres belles pièces historiques que l'on voudrait prendre en photo. Décidément Hydro-Québec n'engage pas de poête pour superviser ses travaux.
Et en 1968, ce fut le tour du presbytère de disparaître. Une autre très belle pièce de notre patrimoine. Et, environ 35 km au sud, sur l'Ile d'Anticosti, que dire du manoir Menier que les papetières ont brûlé parce que, semble-t-il, trop cher à entretenir et surveiller.
Comme si ce n'était pas assez, c'est toute l'Ile qu'on veut maintenant détruire. On tient les touristes à distance pour exploiter, dans le secret, le gaz de schiste sur un territoire 17 fois l'ile de Montréal.
Quand j'ai acquis ma première maison à Sherbrooke, je l'ai acheté de monsieur Émile Dubois, un sympathique vétéran de la dernière guerre mondiale, pilot d'avion bombardier. Après en avoir pris possession, je lui ai dit que j'étais follement amoureux de la belle petite table en acajou avec des pattes de lion qu'il avait laissé. Surpris, il m'a demandé:
- Vous aimez ça les vieux meubles comme ça?
- Oui, beaucoup!
- Dommage! J'ai un peu honte. J'ai brûlé beaucoup de meubles dans le poêle a bois au sous-sol. Je ne voulais pas vous encombrer avec mes vieilleries.
Ce que tu racontes est tellement réelle, que ton billet me remet en mémoire un anecdote de mon enfance.
RépondreSupprimerPour la parade de la St Jean, un villageoi, électricien de son état, voulant vanter les nouveaux poêles électriques, avait écrit sur son char allégorique:
"aimons nos vieilles grands mères, mais débarrassons nous de leurs vieilles affaires"...
C'était l'époque, où, comme tu dis si bien, il fallait à tout pris, sortir les vieillleries, pour entrer du neuf.
Que de trésors sont partis en fumé, sur l'autel du modernisme...
Avec le recul du temps, je ne vois plus les choses de la même façon. Je ne sais pas si c'est l'âge ou la mode qui est en cause, mais je suis beaucoup plus sensible à la sauvegarde de notre riche patrimoine. Je crois que les antiquaires américains l'ont découvert avant nous.
RépondreSupprimerÉtant étudiant, je me souviens qu'un antiquaire était passé chez nous pendant que ma mère était au travail. Je pensais faire plaisir à cette dernière en lui remettant l'argent que j'avais obtenu en vendant ses vieilles affaires. Erreur!
J'ai déjà aussi vendu la vieille auto de Laure, une Honda rouillée, pendant qu'elle était à Québec en voyage. Elle avait eu de la peine. Elle n'avait même pas eu la chance de lui jeter un dernier regard avant d'être emportée.
Heureusement que la mode "condo" existe autrement on démolirait encore plus d'églises! D'aileurs, sur la rue St-Denis, au sud de Marie-Anne, une église et ses dépendances est à vendre! Je suivrai le dossier.
RépondreSupprimerAu sujet de Drapeau. Les gens vantent encore cet homme mais du point de vue urbanisme c'était un gros zéro. Il octroyait des permis de constructions à n'importe qui pour n'importe quoi. Voyez le nombre impressionnant d'immeubles qui n'ont rien à voir avec l'architecture du quartier, des immeubles de 15 étages dans un quartier où les maisons ont deux ou trois étages. Ces immeubles arrivent "flush" avec le trottoir, autrement dit il n'y a même pas un mètre de terrain entre le trottoir et l'immeuble!
D'un autre côté faut aussi se mettre dans la peau d'un Nord-Américain des années '50 et '60. On avait rien à faire des vieilleries, fallait d'ailleurs dépoussiérer l'Europe avec son retard technologique! On faisait table rase et on s'extasiait devant les édifices neufs, face au modernisme. Nous voulions bâtir une nouvelle société en effaçant les traces du passé. Personne n'aurait os s'opposer à cela. La vie n'avait pas été facile, autant reconstruire!
Nous avons en effet démoli de nombreux quartiers. Mon grand-père avait des maisons de chambres sur la rue Berri, entre Ste-Catherine et René-Lévesque. S'agissait de maisons en pierres, de très belles façaces. Tout fut exproprié en faveur de l'UQUAM alors qu'on a rien construit de son côté de rue. Là où j'ai appris à faire du vélo, il y a maintenant un hôtel (Lord Berri) et des parkings! Ça c'était Drapeau. Mon grand-père a ainsi perdu une dizaine de maisons qu'aujourd'hui on admirerait! Drapeau ne voulait pas de ces vieilleries, la population non plus. Nous n'avions pas le passé européen et très peu d'instruction. Nous voulions le métro, des rues plus larges, des universités, l'Expo, les Expos... etc.
L'Amérique était à bâtir. Antérieurement d'ailleurs, qui aurait bien voulu conserver une maison en bois plutôt que d'en construire une autre en "dur"? Faut se rappeler des terribles incendies!
Et vous ne parlez pas des espaces verts, des grands parcs! Ça n'était pas au menu. Aujourd'hui ça l'est, heureusement. Faudrait aussi mentionner que les villes qui ont su conserver ce qui avait une certaine valeur historique ou architecturale constituent des atouts touristiques importants. ON ne pensait pas à cela.
J'arrête ici, malgré moi.
J'adore vous lire, vos textes sont prétextes aux échanges!
Accent Grave
Tu es un bon public, Accent Grâve
RépondreSupprimerÀ chacun de tes commentaires, j'en apprends davantage. Tu as de la culture et une curiosité certaine pour l'actualité. Ça se voit.
À Sherbrooke, la plus ancienne bâtisse en brique, l'ancien édifice de la Dominion Textile, est aujourd'hui tellement beau au plan de l'architecture qu'un bédéiste belge a L'a reproduit dans une de ses célèbres bandes dessinées. J'ai oublié son nom.
Cet édifice centenaire riche au plan historique. C'est un joyau de notre patrimoine, voisin du luxueux Hôtel Time. C'est là que se trouvait une usine de textile qui a permis à Sherberooke de devenir rapidement une ville importante. La chanson de Clémence Dérochers La Factory, sa plus populaire je crois, concerne justement cette industrie. Elle commence ainsi
Je suis venue toute seule au monde seule
Comme tout le monde
Et c'est ainsi que je finirai ma vie.
Cette usine est très grande et luxueuse. Dans les années 70, on avait voulu la détruire pour y construire des tours à bureaux. Il faut dire qu'elle est très bien située, coin King et Belvédère et l'espace occupé était impressionnant.
Mais un contracteur réputé de la région, M.Alfred Demers que nous connaissions bien, a réussi à se faire élire comme conseiller municipal. Il a réussi à prouver que les chiffres déjà présentées par la ville étaient totalement erronées...
L'édifice a été rénové au lieu d'être détruit et reconstruit. La beauté et la majesté des lieux impressionnent et habitent des commerces de prestiges ainsi que de nombreux logement. Dans la tournée touristique animée par des comédiens professionnel, l'édifice fait partie des incontournables où la troupe s'arrête pour nous parler de son histoire.
Si un contracteur consciencieux n'avait pas réussi à se faire élire, tout ça serait maintenant disparu. C'est toute une chance d'avoir un homme à la fois contracteur et politicien municipal qui soit aussi honnête et voué à l'intérêt public. Celui qui aurait tout démoli aurait fait beaucoup d'argent.
À mon avis, je crois que le maire actuel de Sherbrooke fait aussi partie de cette classe de politicien intègre et dévoué. Il en reste encore même si c'est rare.
Bonjour Jackass ...
RépondreSupprimerTon commentaire est très à propos ....Ici à Québec ... c`est le même processus ... Combien d`églises et de couvents et collèges ont été détruit pour cause de progrès ! Nous ne savons pas conserver notre histoire au travers notre architecture ..... et l`on construit des édifices en béton pour sa durabilité mais sans âme et complètement hideux à mon avis ... Je suis consciente que je vis dans une ville magnifique avec une histoire importante du Québec .....mais cela n`a plus d`importance ... seulement l`argent et le pouvoir ont la force maintenant .. Certains citoyens contestent ... mais pour nos élus ... ce sont des agitateurs qui dérangent ... Ils n`en font qu` à leurs idées et pendant ce temps là ... ma ville s`enlaidie !
Toujours heureuse de te lire .
Bonne fin d `été .
Capucine .
Bonjour Capucine,
RépondreSupprimerC'est un plaisir de te lire à nouveau. Ça rappelle le bon temps de la Place Publique. Te savoir encore là est touchant. Je me souviens aussi que tu avais eu la gentillesse de venir voir une prestation de Jean-Philippe . Bonne fin de semaine et au plaisir!
J'ignorais tout de la "factory". Lors de ma prochaine visite à Sherbrooke je regarderai cet édifice avec un autre regard.
RépondreSupprimerAccent Grave
Ça vaut le coup de voir le tout de près. Une actvité excetionnelle que je recommande chaleusement est le tour d'autobus du circuit Traces et souvenances. Depuis 17 ans, des comédiens professionnels font revivre l'histire de Sherbrooe.
RépondreSupprimerIl y a l 'arrêt a la factor y qui était la plus imporante usine de filage au Canada. Un comédien joue le rôle du sénateur Paton qui en était propriétaire. C'est en son honneur qu'on a appelé l'ensemble des bâtiments La Place Paton.
Pour la tournée en autobus, voir
rhttp://www.cantonsdtelest.com/actrivity/390/les-productions-traces-et-souvenances
J'ai personnellement connu le ci tracteur Alfred Demers. Je me rappelle à quel point ce dossier lui tenait à coeur.
Oui, combien on a sacrifié sur l'autel du modernisme, comme tu le dis si bien...
RépondreSupprimerAvant que j'oublie de te le dire, merci de présenter un extrait signé Roland Jomphe. J'aime tellement sa façon de raconter, ses expressions, son langage coloré. Je le revois il me semble...
Tu parles des Iles, de ce courant de démolition d'édifices anciens, remplacés par du neuf. Pas tant que ça, malgré tout. Les Madelinots sont inspirants sous ce rapport. Les Iles de la Madeleine, c'est environ 13 000 de population, sauf que ça quadruple pendant l'été, haute saison touristique. Évidemment, ça réveille les ardeurs des grandes chaînes de fast food. Ils se sont tellement battus, les Madelinots, pour empêcher ça. Ils ne voulaient pas de brèches dans leurs paysages bucoliques et encore moins niveler par le bas, perdre leur identité propre, dans la façon de faire, le service à la clientèle, la nourriture servie, etc.
Ils ont gagné. Aucune bannière de fast food n'est installée aux Iles, sauf... sauf... qu'ils n'ont pas réussi à empêcher un A & W à Cap-aux-Meules, cette chaîne devait avoir des avocats du contentieux plus ratoureux que les autres... Donc, il est en retrait, le A & W, dans un édifice qui ne leur appartient pas, donc locataire, à côté d'un cinéma, avec un tout petit logo de rien du tout, tellement qu'il faut deviner qu'il est là. Et pas de service à l'auto. À Bassin, près de Havre-Aubert, un « étrange », riche homme d'affaire québécois d'une autre bannière de restauration, s'est fait construire une « monster house » qui jure avec le paysage, qui dépare tout le reste. C'est horrible. Les Madelinots méprisent cet homme. Ils ont réussi à l'empêcher d'installer son resto aux Iles mais pas de s'y faire construire sa maison, à son goût.
Dans ma région si jeune, le problème ne se pose pas de la même manière. Tu te souviens qu'on s'était donné rendez-vous à la Maison Dumulon quand vous êtes arrivés à Rouyn-Noranda? Édifice patrimonial, bâtiment historique, il n'a même pas 100 ans d'existence!!!
J'arrive de Matagami, la petite ville minière que j'ai vue naître, quand j'étais enfant. À cette époque, en 1963, on embauchait des urbanistes au début. Pas en cours de route, au tout début. Ça fait toute la différence du monde, on en voit les résultats maintenant. Et c'est une ville plus facile à gérer du point de vue administratif et du développement. Tout y est plus harmonieux, on a de la place à respirer...
L'église où je me suis mariée, où Isabelle a été baptisée, vient d'être vendue. Heureusement, c'est un ami très proche, architecte et épris de justice sociale, qui vient de l'acquérir. Je connais ses projets, je les approuve. Après quelques menus travaux où il veut conserver la hauteur, les vitraux, l'éclairage naturel, etc. il y installera les locaux d'une garderie coopérative existante, qui doublera ainsi sa capacité d'accueil pour les p'tits bouts de chou. On sait combien il manque de place dans les garderies. Et les enfants, c'est la relève, l'avenir!
L'église de mes parents, pas très loin de là, est maintenant devenue l'Agora des Arts. J'aime penser que, financée par la communauté jadis pour des besoins d'ordre religieux, elle retourne à la communauté pour des besoins d'ordre culturel. Dans les deux cas, ça élève l'âme!!!
De six églises dans ma ville, il n'en restera plus qu'une... qu'on appelle l'évêché. Mais aussi, de sept salles de cinéma dans les années 50, il n'en reste plus qu'une. Je suis très sensible à l'histoire et au patrimoine, j'ai toujours peur qu'on me traite de passéiste.
Bonjour chère amie Zoreilles,
RépondreSupprimerBien oui je me souviens de cet endroit où nous nous étions donné rendez-vous. Je me souviens qu'elle avait du style. Mais ce dont je me souviens le plus, c'est combien nous avions ri en te voyant arriver en truck de façon alerte. Nous avons tout de suite pris la mesure de ta personnalité. Et quel séjour de rêve fut le nôtre avec vue sur le lac du lit de la chambre où nous étions hébergés.
Un beau coin de pays, loin des tracasserie de la vie, un oasis! Laure nourrit un rêve secret. Et puisque c'est un secret, je dois malheureusement me restreindre à ne pas en parler ici.
Je possède une des premières maisons construites dans mon village qui sera bientôt centenaire.
RépondreSupprimerJ'en suis très fier.
Beaucoup de boiseries ornent l'intérieur.
J'aime beaucoup l'architecture qui respecte le patrimoine.
Chaque époque possède ses particularités qu'il faut protéger.
À Sherbrooke, je connais bien l'ancien édifice de la Dominion Textile.Une belle pièce architecturale.
Bonjour Le factotum,
RépondreSupprimerIl y a quelques jours à peine, je suis passé devant le complexe de l'ancienne Dominion Textile qui s'alimentait à l'origine sur la chute avoisinante pour son énergie. J'aurais aimé prendre une vue aérienne. J'ai goûté à nouveau de la splendeur des lieux. Plusieurs édifices avoisinants ont un style architectural qui s'harmonise bien avec ces belles constructions en brique.
C'est beau de t'entendre parler de ta maison centenaire. Si les murs pouvaient parler... Ils le font à leur façon. Tu as toute la sensibilité pour les entendre. C'est plaisant de partager tes émotions. Je le jure, j'ai vraiment apprécié.
Les murs des maisons que l'on protège nous le rendent bien. Il en est ainsi de la nature entière. Et cette dernière nous manifeste présentement sa colère. Le plus difficile, c'est de comprendre le message. Plus on fait la sourde oreille, plus elle risque de se déchaîner la nature...
Bonjour chère amie Zoreilles
RépondreSupprimerNon, tu n'es pas passéiste. Et si tu l'es, c'est une qualité. L'attachement à la terre, aux sites où la ferveur de nos ancêtres s'est exprimée, c'est ce qui va chercher le meilleur de nous mêmes.
Ton attachement au patrimoine a quelque chose de contagieux. Il aura sûrement quelque part un effet d'entrainement. J'ai hâte de visiter les Iles de la Madeleine. Je sais déjà que je comprendrai encore davantage tout ce que tu en dis de bien.
Ce sont les mêmes familles qui ont peuplé cette terre où j'habite présentement. Les réactions se ressemblent. Les gens sont fiers, refusent de se laisser envahir. Un Tim Horton a voulu s'installer à Havre-Saint-Pierre. On a rendu le projet impossible. Remarque que je n'ai rien contre les Tim Horton. J'aurais probablement été un de leurs bons clients. Mais je trouve qu'il y a quelque chose de savoureux dans cette résistance à l'envahissement.
Jacks, c'est vrai, il y a quelque chose de savoureux dans cette résistance à l'envahissement. C'est un trait de caractère (pacifique mais résistant) que j'ai remarqué souvent chez les Madelinots, et chez tous les Acadiens en général. Ça vient de loin... et ça va loin parce que je me reconnais encore là-dedans!
RépondreSupprimerHavre-Saint-Pierre a été fondé par des familles des Iles de la Madeleine, tu leur donnes souvent le crédit pour ça, et dans cette anecdote du Tim Horton que tu racontes, je me disais « yesssss, ils ont gagné, yessss », c'était plus fort que moi. Après, j'ai souri de ma fierté/solidarité avec les gens de chez vous!
Un petit passage fort amusant que l'on peut lire sur le dernier billet de Joseph Facal dont le lien se trouve à droite de mon blogue:
RépondreSupprimerC’est un phénomène assez étrange. L’autre jour, dans un restaurant, le serveur m’a demandé si j’étais le frère de Joseph Facal. Visiblement, il était étonné que quelqu’un qu’il voit à la télé soit une personne en chair et en os, qui fréquente occasionnellement un restaurant avec sa femme et ses enfants.
Que s'est-il passé avec ton superbe billet de la semaine dernière Jackss?
RépondreSupprimerJe me suis inquiétée de ne pouvoir entrer chez toi à plusieurs reprises.
J'espère ne pas en avoir été un ou la cause.
C'était tellement plein d'amour, ce billet-là.
Zed
Bonjour Air fou,
RépondreSupprimerC'est bien gentil de me faire part de ta réaction. Je n'ai pas mal pris ton commentaire. Au contraire! J'ai plutôt pensé que tu avais peut-être un peu raison. Et même plus.
C'est vrai que j'aime dessiner des liens même où il n'en existe probablement pas. J'aime jouer sur la ligne qui sépare le hasard de toute autre cause imaginable.
Mais je ne voulais pas prendre la chance de créer de la confusion sur mes intentions. Je ne voulais pas non plus jouer à la vedette avec trop de photos personnelles. Il y a toujours un risque à le faire.
Comme je manquais de temps, j'ai bloquer temporairement l'accès à mon blogue pour avoir le temps de revoir la situation de plus près lorsque j'en aurais le temps.
Merci de me donner l'occasion de me permettre de clarifier ma réaction pour ne pas trop avoir l'air fou.
Cela prend beaucoup de sensibilité et de recherche, de curiosité intellectuelle pour être en mesure de créer ces liens. Et tu en crées aussi entre les personnes.
RépondreSupprimerAh mais je ne suis pas d'accord avec ton opinion, là... Tu n'as pas mis trop de photos personnelles. C'est très intéressant, j'ai tout regardé avec beaucoup d'attention. De voir les gens en photos, suivre leur existence, est un privilège. celles-là tout particulièrement.
Voir le bonheur des autres donne tellement d'espoir. Savoir que c'est possible, c'est extraordinaire, si tu savais.
Non pas que je sois malheureuse, bien au contraire. Toutes sortes de bonheur. Je n'aurai jamais celui de cette sorte-là, mais j'en ai eu le rêve longtemps, comme bien des gens, j'imagine. Tu donnes l'impression que l'on peut presque y toucher, par le bonheur que toi tu resplendis.
Et tu dois savoir que j'apprécie tes billets et tes prises de position politiques.
Bref, je respecterai bien sûr ta décision, mais je revenais pour voir et j'aimerais bien revoir ce billet-là.
Je ne veux pas être la personne qui te permette de te poser de telles questions!!!
Zed
Et je suis contente d'avoir pu rentrer. Les grands sensibles, c'est comme ça, hein? On se pose des fois trop de questions, je pense!
RépondreSupprimerRe-Zed
Zed, tes propos me rassurent
RépondreSupprimerJe m'explique. Il m'arrive souvent de me remettre en question. Je me demande parfois si je respecte la bonne limite entre ce qui m'est personnel et ce qui est d'intérêt publique. On a toujours les défauts de ses qualités. La sensibilité est un bon exemple.
En même temps, j'ai souvent le goût de partager des expériences qui m'ont enrichi. Notre plus grande richesse, c'est souvent ce que l'on partage. Et j'aime bien ce que tu dis à ce sujet.
Il m'arrive d'hésiter avant de mettre une photo. Mais si je le fais, c'est pour mieux éclairer le texte, le vécu. Nous sommes dans un univers où le visuel prend beaucoup d'importance.
Tes propos ont été suffisamment convaincants pour me porter à remettre les billets que j'ai supprimés. Je le ferai un peu plus tard.
Cette complicité à laquelle tu fais allusion, notamment au plan politique, elle me réjouit. Je garde également un bon souvenir des courtes répliques de taquineries que nous échangions à une certaine époque sur le blogue de Zoreilles.
Si tu savais comme tu viens de me faire plaisir, là.
RépondreSupprimerMoi aussi, je ne peux que garder de bons souvenirs de cette époque où nous étions dissipés dans la cour chez Zoreilles.
Se remettre en question? Comme ça, je ne suis pas la seule, hein...
Tu sais, même quand on cherche à faire de notre mieux, il y a toujours des mécontents/es, des opinions adverses, des désaccords. Mieux vaut rester soi-mêmes, je crois, ce qui ne signifie pas ne pas rester critique face à nous. Je suis personnellement assez entourée de pas d'accord ou de très, très différents. On peut souvent faire la différence entre arguments et personnes et ça, j'espère, même quand on parle avec force. J'espère en tout cas, car je suis consciente de ne pas toujours faire dans la dentelle.
Merci mille fois, Jackss.
Zed ¦)
Ben d'accord avec toi, Zed !
RépondreSupprimerJe veux revoir ce billet ...
»Le factotum
RépondreSupprimerOuaiiiissss! On l'aime ce billet qui aime!