samedi 5 juin 2010

Le courage de s'impliquer

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L'histoire a fait le tour du monde. Elle n'est pas unique. En cliquant sur la photo, vous en apprendrez davantage sur les circonstances tragiques ayant entouré le suicide d'une fille de 15 ans qui avait tout pour elle, tout pour être aimée.

Ce n'est pas sur l'histoire comme telle que je veux attirer l'attention, mais sur l'inaction de ceux qui avaient des responsabilités énormes pour lesquelles ils étaient bien payés. Ce qui est en cause ici, c'est le silence complice. Le plus révoltant, c'est que ça semble être la règle.

L’enquête a démontré que plusieurs des professeurs et administrateurs de l’école que fréquentait Phoebe étaient au courant du harcèlement que subissait la jeune fille (la mère de Phoebe les avait entre autres averti par deux fois) mais ils avaient préféré fermer les yeux. Le lendemain du drame, une autre étudiante de cette école, Rebecca Brouillard, avait décidé de parler à la presse locale et de raconter qu’elle-même subissait des sévices et des traitements humiliants depuis plus de deux ans. Son père a d’ailleurs témoigné que suite à la parution de l’article, sa fille avait de nouveau été harcelée et même physiquement battue. Là encore, semble-t-il que l’administration de l’école était courant de ce qui se passait, mais n’avait jamais rien fait pour y remédier.

Fleurs et ourson laissés devant la porte de la maison de Phoebe
Il fallait plus que des fleurs. Dans la région de Boston où s'est produit l'événement, on a réagi dans le bon sens. Malgré tout le mal qu'on dit des américains, ils savent parfois prendre des décisions pour changer les choses. Il y a encore des gens qui ont des valeurs morales et du coeur. Les gens de la communauté de Boston ne se sont pas contentés uniquement de regarder le show télévisé. Ils ont agi et fait en sorte qu'on ne puisse plus garder secret ce qui doit être connu et faire l'objet d'un bon suivi.

Le silence et la peur ne font jamais bon ménage. Le laisser-faire les alimentent. La meilleure façon de ne pas échouer est de ne rien tenter. (Le Gestionnaire Borg) Un poste de responsabilité commande des obligations qu'on a trop tendance à diluer à travers des phrases comme:
  • Tout le monde est responsable
  • On ne peut mettre une police derrière tout le monde
  • Nous avons déjà apporté des améliorations
  • Il faut avoir des preuves pour agir
Suite au suicide de Phoebe Prince, l'État du Massachuset a voté le 29 avril 2010 une loi prohibant toute action pouvant causer des préjudices physiques ou émotionnels, incluant les messages textes et autres sur internet. L'État a aussi annoncé la mise sur pied d'un programme de formation concernant la lutte au harcellement et à l'intimidation.

Ce programme s'adresse aux facultés, enseignants, parents, étudiants. Les cas d'intimidations doivent être signalés, consignés et les parents doivent être avisés. Tous les employés de l'école, y compris les travailleurs de cafétérias, doivent être tenus de rapporter touts les incidents suspects. On doit faire enquête dans chaque cas.

Nous sommes loin de là ici. Nous sommes meilleurs pour trouver des excuses que pour agir. La réputation des écoles demeure un élément plus important que la protection des jeunes.

J'ai lu un billet intéressant: Les 5 grandes peurs. Il s'agit d'un article sur un tout autre registre, mais j'ai été intéressé par les catégories de peurs dont on parle. Le sujet m'intéresse. Pour moi, la peur c'est ce qu'on peut vivre de plus intolérable. On devient vraiment libre et disponible au bonheur lorsqu'on a vaincu ses peurs. C'est ce que je crois.

Vigile suite au décès de Phoebe
Source de l'image

16 commentaires:

  1. C'est rendu vraiment très grave quand il faut des lois pour que les gens fassent, ce qui il n'y a pas si longtemps semblait tout à fait normal pour tous les citoyens d'un village.
    N'est-il pas dit qu'il faut tout un village pour élever un enfant.

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  2. Tu as tout dit, Barbe-Blanche.

    Ce que tu dis est tellement vrai. Le plus troublant est justement qu'on en soit rendu à faire des lois pour ce qui devrait aller de soi.

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  3. Méchant drame le harcellement et je suis d'accord avec toi que parfois il faut des interventions musclés (entre autre pour l'usage des nouveaux médias comme facebook)

    Par contre, je pense que comme parent ont est le premier rempart de nos enfants, parfois je me demande pourquoi les parents hésitent à changer leur enfant d'école ou hésitent à appeler la police ?

    Par ailleurs je ne peux parler pour toutes les polyvalentes du Québec, mais oui certaines ont de bons intervenants et de bonnes campagnes de sensibilisation

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  4. Éléonore,

    C'est rassurant de t'entendre. C'est un son de cloche qu'on n'entend pas assez souvent. Les bons coups ne font pas souvent beaucoup de bruits.

    J'aime bien croire que la situation est meilleure que je ne l'imagine. Il faut dire que j'ai laissé l'école depuis un bon bout de temps!

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  5. Bonsoir Jackass .
    Encore un autre drame humain qui aurait put être évité si les personnes responsables de cette école avaient pris le temps et les moyens de faire cesser ses comportements ... mais c`est tellement facile et plus commode de fermer les yeux ... de se laver les mains comme Ponce Pilate ... Ce genre de drame qui arrive m`interpelle beaucoup moi qui travaille auprès d`une clientèle en relation d`aide ... Je peut te dire que j`en entend de toutes les couleurs et que la détresse humaine est bien présente dans notre société ... Fallait-il que cette jeune fille soit désespérée pour poser ce geste fatale ... alors qu`elle était à l`aurore de sa vie ! En te lisant j`étais bouleversée ... et je me disait et si c`était ma fille ... mon fils ? ? ? Que ferais-je .... ! Je me sens quelques fois tellement impuissante mais en même temps je me dis que je fais ma petite part pour aider ceux qui sont en détresse .. et toi par tes écrits tu nous apporte ce petit coup de pouce pour continuer ... Merci de nous éveille à une conscience sociale ... c`est si facile de se contenter de son petit bonheur .. de son petit confort .
    Toujours heureuse de te lire .
    Capucine .

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  6. Bravo pour l'initiative de l'État du Massachuset. Comme tu dis si bien: "le silence et la peur ne font jamais bon ménage."

    Quel drôle de hasard,j,ai terminé la rédaction de 2 plaintes que je vais adresser au commissaire aux plainte du centre jeunesse de mon garçon. Et ça risque de s'échauffer car, par hasard, lundi dernier, j'ai appris à la cour qu'un jeune de l'unité de mon fils avait été battu par les gardes de sécurité. De plus, mon fils m'a avoué avoir lui aussi subit des sévisses corporelles de la part des agents de sécurité.Il ne veut pas porter plainte. il dit qu'ils se protègent tous entre eux. Ah oui??? Bien on va voir ça...Je boue...

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  7. @ Capucine,

    Je suis d'accord avec Éléonore sur le fait qu'il y a encore des polyvalentes au Québec qui ont de bons intervenants et de bonnes campagnes de sensibilisation. J'en suis convaincu.

    Mais je crois, comme toi, que si un problème se poursuit, il faut que quelqu'un porte la responsabilité. On a l'excuse trop facile.

    Je crois aussi qu'un plan d'action, avec suivi, doit être mis en place pour tout incident qui est rapporté. Je crois que la plupart des drames peuvent être évités si on a fait l'inventaire des dangers potentiels et des plans d'action.

    C'est cette attitude qui est moins clair dans l'administration publique en général.

    @ Nanou

    Bravo pour ton attitude! Elle t'honore. Lorsque la parole et la bonne volonté ne suffisent plus, je crois qu'il faut porter plainte et ne pas lâcher.

    Hier, à la télé, on a vu le drame d'une dame morte à la suite de brûlures qu'elle s'était imposée en préparant son déjeûner. Elle était à mobilité réduite et sa fille avait insisté à plusieurs reprises pour que sa mère ait de l'aide à domicile. Elle avait justement peur que sa mère mette le feu.

    La fille de la dame, les larmes aux yeux, se reprochait de ne pas avoir assez mis de pression. Et c'est ce qu'a dit le représentant des patients: Il ne faut pas lâcher, insister jusqu'à ce qu'on soit entendu, se plaindre s'il le faut.

    Connaissant ta générosité, Nanou, je sais que tu le fais aussi pour tout ceux qui vivent la situation que tu déplores et n'oseront jamais se plaindre. On a souvent peur que ça nuise. Le silence est la pire des solutions.

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  8. Jackss,
    oui, le silence est la pire des solutions. Mon fils a reçu mon message mais n'ose rien faire. Il minimise la situation.
    Oui, je le fais par conscience, pour ne pas que ça se reproduise, je le fais aussi pour mon fils et par respect pour moi-même.La peur ne me connait pas. Tant qu'on ne fait rien, on demeure victime de la situation, c'est terrible.
    J'ai lu avec larmes l'histoire de cette pauvre jeune fille. Comment les jeunes peuvent-ils devenir aussi méchant envers son semblable... Je ne comprends pas, non, vraiment. S'en et à couper le soufle.

    Je ne sais pas ce que je vais faire pour la brutalité dont a été victime mon fils mais, chose certaine, je vais tout faire pour avoir la lumière, je vais agir et..m'ouvrir la trappe haut et fort...

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  9. Ma première réaction est la même que celle de Barbe blanche. J'y souscris, je seconde, je cautionne. Nous sommes devenus tellement individualistes et je suis fatiguée d'en voir des exemples tous les jours, même dans nos petits milieux.

    Je ne connaissais pas cette histoire de l'adolescente de 15 ans (tellement belle et souriante sur la photo) qui s'est suicidée, voulant échapper à tout ce harcèlement. C'est horrible. Ça se passe au Québec, aussi. Ce jeune dont j'oublie le nom, au Saguenay, qu'on recherche encore. Les dirigeants de son école avaient minimisé les faits, ils ont plus cherché à se justifier, protéger leur image, qu'à vraiment collaborer avec les parents, la police, etc.

    C'est un problème de société qui nous touche tous. Il faut y voir, en parler, se concerter, réagir, dénoncer. Pour que ça ne se produise plus jamais.

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  10. ce post me remue et pourtant, je devrais être habituée...et bien non...
    et dire que je suis censée réinsérer des gens qui parfois manquent totalement d'humanité à mes yeux...

    ouais, là, ça fait mal...

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  11. Bonjour Delphinium

    Oui, c'est vrai. Ça fait mal. Il y a des choses auxquelles on ne s'habitue pas. Quand on a du coeur.

    L'intimidation n'est pas un phénomène nouveau. Elle existe depuis que le monde est monde. Mais ce qu'il y a de nouveau, c'est la généralisation dans certains milieu et le silence de ceux qui devraient agir.

    Des reportages télévisés deviennent des spectacles qui moussent des cotes d'écoute. Mais on fait quoi après?

    Ces émissions auraient du sens si elles étaient suivies de vraies discussions et de prises de positions.

    @Zoreilles,

    Tu as raison de citer cette situation qui s'est passée chez nous. Même contexte.

    Je ne sais pas si des mesures concrètes ont été prises dans l'école en question. Mais même si on avait amélioré la situation d'un école, ce n'est pas suffissant. Toutes les écoles devraient être concernées. Et les administrateurs devraient avoir des comptes à rendre.

    Si tous les parents du Québec étaient dotés de la même conscience sociale que toi, on n'aurait pas besoin d'encadrement administratif particulier. Mais...

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  12. Finalement, il serait bien intéressant de connaître l'opinion de gens du milieu scolaire, ceux qui travaillent justement avec les jeunes, peut-être aurait-on une autre version des faits, ce qui apporterait une richesse à notre analyse.

    Parfois les intervenants sont aussi à bout de souffle, à bout de ressource à bout d'idée, parfois le harcellement ce fait dans l'autobus, sur le chemin, etc qui est alors responsable ?

    Une personne me disait dernièrement; "comment peut-on agir auprès des jeunes ? Nous nous avions peut de notre père, une peur salutaire qui nous tenait dans le droit chemin. Mais certain aujourd'hui non ni peur de leur père (s'il le voit encore) ni des profs ni de la direction !"

    Il y a la désagrégation du tissus social, l'éclatement de la famille, le désengagement et comme plusieurs l'on dit l'individualisme qui mènent a de multiples problèmes sociaux.

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  13. Bonjour Éléonore,

    tu as raison d'élargir la discussion sur les autres aspects de la violence qui fait maintenant partie du quotidien.

    Bien sûr, il serait intéressant d'entendre la version de ceux qui vivent de près ce genre de situations.

    Mais je crois que fondamentalement, toute solution doit être endossée d'en haut. Un prof ne peut rien si la direction ne l'appuie pas sans équivoque. Un prof ne peut rien s'il ne dispose d'aucune autorité ni pouvoirs réels.

    Je ne vais plus à l'école. Je ne suis pas enseignant. Mais un certain nombre de témoignages convergent. Il y a de l'intimidation partout, en commençant dans les autobus scolaires. Ce n'est pas normal. Et je ne veux pas croire qu'il n'y a pas de solutions.

    D'accord, on ne peut tout régler d'un coup. Mais l'exemple du Massachuset montre qu'on peut faire un bon bout de chemin avec de la sensibilisation et de la concertation. J'ai le goût d'y croire.

    Et je suis sûr qu'il existe des situations fort inspirantes dont on n'entend jamais parler. J'ai déjà eu l'occasion d'entendre un reportage où même ceux qui intimidaient avaient trouvé avantage à collaborer à des solutions.

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  14. Il faut croire en effet qu'il ya des solutions, toujours y croire !

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  15. Comme tu dis Jackss, c'est une histoire qui n'est pas unique...
    Mais je crois qu'au-delà de notre indignation et de la nécessité de refuser que cela se produise, il faut engager une vraie réflexion sur ce qui amène au silence collectif. Entre autres, nous sommes aussi dans une société où la délation est très mal perçue, et ce quel que soit le délit visé. Dénoncer est une trahison à l'espèce y compris quand il s'agit de dénoncer ce qui menace l'espèce...
    C'est un point de vue que je ne comprends ni ne défends mais je l'ai constaté bien souvent, en particulier dans le milieu universitaire dans lequel j'ai baigné pendant dix ans. Quoi qu'il arrive, il faut protéger notre corporation, quitte à risquer que la bombe explose et que les éclats fussent visibles du monde entier (comme dans l'exemple que tu cites ici).
    Heureusement, je n'énonce pas une règle universelle. Cependant, la bonne volonté est moins forte que l'inertie, c'est presque une loi de la physique.

    PS : j'ai très envie de répondre au sujet de la défense de la langue française que tu évoquais hier... mais je manque un peu de temps pour parler de tout :-))

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  16. Ce commentaire est très riche, Shaton

    Il y a de la matière à écrire plusieurs billets passionnants. Je le ferai peut-être. Le silence, la délation, la loyauté, la solidarité, voilà autant de thèmes intéressants à débattre.

    Ayant été gestionnaire dans la fonction publique, j'ai souvent eu à défendre des points de vue que je ne partageais pas. Tu tombes en plein dans le mille.

    Quant à la langue française, j'ai bien l'intention d'y revenir. C'est comme une fiancée que j'ai terriblement peur de perdre.

    Hier au bulletin de nouvelle de Radio-Canada, on parlait de la relève au plan musical. Cette relève s'oriente de plus en plus vers la chanson anglaise et américaine.

    On avoue candidement que la chanson française n'a rien de très emballant. Et dans les écoles, plusieurs professeurs de musicque accordent très peu d'importance à la chanson anglaise. Personnellement, je crois que notre système d'éducation fait fausse route à ce niveau. Et c'est bien triste.

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