mercredi 9 décembre 2009

Elle était belle pourtant

Elle était belle pourtant si j'avais pu la garder
Le soir comme une enfant moi je l'aurais bercée
Salvatore Adamo
Sans le savoir, sans l'avoir prémédité, je revis plusieurs pages de l'histoire de la famille. Évidemment, le récit soulève l'intérêt chez ceux qui ont vécu ces événements de près ou de loin. Des émotions et des souvenir remontent à la surface.

Prenez, par exemple, Michel, le plus jeune de mes frères. Aussitôt que j'ai mis mon dernier billet en ligne, il m'a téléphoné. Cette photo de Nicole prise environ 3 mois avant son décès l'a ému.

Michel m'a dit: En voyant cette photo de Nicole, il m'est venu tout de suite à l'esprit cette chanson d'Adamo: Elle était belle pourant. Je suis même allé l'écouter sur You Tube.

Michel (1955 ou 56)

Michel a ajouté: Elle était vraiment belle et pas juste physiquement. Elle avait du caractère. Un jour qu'elle me gardait, j'étais un peu turbulent. Même si elle n'était pas beaucoup plus vieille que moi, elle m'avait pris dans ses bras et était allé me coucher dans mon lit en me disant de ne pas bouger. Je n'avais pas eu le choix que d'obéir.

C'est un peu comme ça, je crois, dans une famille monoparentale avec plusieurs enfants. Les plus vieux prennent les plus jeunes en charge. Il y a quelque chose de positif dans ce phénomène. Ma mère n'avait pas souvent à élever la voix. Les plus vieux s'en chargaient.

Mon père et moi, 1967
Quand mon père est revenu à la maison en 1965, Nicole était décédée depuis déjà 8 ans. Je me souviens pas s'il connaissait la nouvelle avant.

Mais je me souviens bien de la dernière fois que j'avais vu mon père. Nous étions pensionnaires à l'Hôtel-Dieu de Saint-Hyacinthe. La vraie maison où nous avons grandi, c'est là.

Dans la section de droite au sous-sol, c'est là que j'étais pensionnaire avec Yves. Juste au dessus, c'était l'étage des filles. C'est la que Nicole et Micheline étaient pensionnaires. L'entrée, vis à vis le clocher, c'était celle du parloir. C'est là qu'on pouvait avoir de la visite le dimanche lorsqu'il n'y avait pas de sortie.


C'est donc par là que s'était présenté mon père, seul, étant séparé de ma mère. Je me souviens très bien que papa avait tenu Nicole dans ses bras pendant tout le temps de la visite. Il pleurait comme un enfant. Le plus tragique, c'est que ce fut la dernière fois qu'il a pu voir Nicole.

Je ne sais pas pourquoi, c'est toujours dur de voir pleurer un homme, surtout son père.

J'étais ému et je le voyais sous un côté humain qui me laissait croire ou du moins espérer qu'il revienne un jour avec ma mère. Malgré ses divergences conjugales, ma mère n'a jamais parlé en mal de notre père. Mais lorsqu'elle parlait de lui, elle y faisait toujours allusion ainsi: Celui que vous connaissez...


Selon mes souvenirs, c'est la dernière fois que je l'ai vu avant qu'il ne réapparaisse de façon aussi soudaine que mystérieuse. Il disait avoir habité le Grand Nord, la terre de Baffin. Il disait avoir été cuisinier dans l'armée, avoir connu des saisons avec 6 mois de soleil et 6 mois de nuit. C'est ce qu'il disait.

Nous ne savions pas si c'était vrai. Mais nous, nous avions l'impression que nous avions connu plusieurs années de nuit. Et nous souhaitions qu'il nous rapporte plusieurs journées de soleil.

Paradoxalement, Laure et moi vivons sur la Côte Nord. Je n'irai pas jusqu'à dire que nous sommes au pole Nord, mais nous nous y approchons. Nous sommes au 50è parallèle. Nous irons encore plus au nord cet hiver. La photo qui précède a été prise en février dernier, devant notre loyer de Havre-Saint-Pierre.

Mon père disait-il la vérité lorsqu'il parlait de ses aventures dans le Grand Nord?A suivre...

3 commentaires:

  1. En écrivant ce texte, je ressens des émotions, bien sûr. Mais j'avoue tout de même être privilégié par la vie. Aucune expérience n'a été insupportable. Je crois que les pires souffrances viennent des petites misères.

    Les plus grosses épreuves sont peut-être les plus faciles à supporter parce qu'on ressent alors une force en soi. On a la sympathie de son entourage.

    Les petites misères sont plus sournoises. Elles se développent petit à petit et on se sent souvent seuls face à elles.

    Les grandes épreuves nous enrichissent. C'est ce qu'on peut appeler l'école de la vie. Ce sont de bonnes occasions de dévouvrir ses forces et devenir plus huamins face aux grandes et petites misères de notre entourage.

    Je crois qu'il y a deux façons d'être heureux:
    - apprendre de ses épreuves
    - ou ne pas se poser de questions.

    Le choix ne dépend pas de nous, à mon avis. Tout dépend de notre nature.

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  2. Jackss,
    votre maman a été bien courageuse et forte d'avoir élevé seule 6 enfants et aussi bien sage de ne jamais avoir parlé en mal de votre père.Un certain passage de votre billet me bouleverse et j'en ferai mon prochain billet pour vous Jackss, avec en prime, une petite photo...
    Avec toute mon amitié xxx

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  3. Bonjour Nanou,

    Je me souvenais que tu avais déjà attiré mon attention sur le fait que tu avais laissé des messages sur des anciens billets. J'ai été bousculé par le temps. Alors, j'ai pu aujourd'hui me reprendre un peu.

    Je suis un peu en retard dans la lecture des billets que tu as laissé. Ça ne devrait pas tarder.

    Je vais revenir un peu plus tard sur les relations entre mon père et ma mère.

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