Curieusement, je n'y vais jamais dans les cimetières où sont enterrés mes grands-parents, ni au colombarium où est l'urne qui contient les cendres de mon père. J'aime plutôt visiter les endroits où ils ont vécu...
Zoreilles,
Commentaire suite au billet du 10 novembre 2009
Ce commentaire de Zoreilles ne m'a pas laissé indifférent. Il faisait suite à mon billet Où sont donc passés les morts. En le lisant, j'ai réalisé jusqu'à quel point je lui ressemblais. À quelques nuances près...
Je ne vais que très rarement dans un cimetière. Presque jamais. Mais, je ne retourne pas non plus dans un milieu où j'ai déjà vécu. Presque jamais. J'ai passé 16 ans à la CSST. Je n'y suis jamais retourné après mon départ. Je ne détourne jamais la tête sur le quai d'une gare.
Gare de Saint-Hyacinthe
Il y a toutefois un endroit fétiche où j'aimerais me retrouver: le 2030 Duvernay à St-Hyacinthe. Ce lieu est resté mythique pour notre famille. C'est là que nous avons vécu nos plus beaux souvenirs. Paradoxalement, c'est là que je vivais en 1957, au moment où Nicole nous a quittés pour un autre monde, à l'âge de 11 ans. Sa maladie, de souche H1N1, l'a foudroyée en moins d'une semaine.
Voici une photo que je n'avais pas vue depuis des dizaines d'années. J'ai réalisé que c'est une des seules photos où je suis photographié avec Nicole.
Vous voyez dans l'ordre Nicole, Ma photo, celle de ma mère, ma soeur Micheline, mon frère Yves et un peu plus bas, Michel. Ma soeur Manon n'apparait pas puisqu'elle ne vivait pas avec nous à cette époque.
Le décès de ma soeur Nicole a laissé un vide immense l'année suivante. Cet événement allait naturellement avoir un impact sur le cours de l'histoire de la famille. Jacqueline, la plus jeune des soeurs de ma mère fut tellement touchée par le décès tragique de Nicole que sa vie entière fut changée.
Un peu comme pour mettre un baume sur la douleur de ma mère, elle décida de faire son cours d'infirmière à St-Hyacinthe à l'hôpital où ma mère travaillait. Notre demeure fut aussi la sienne. Elle avait 8 ans seulement de plus que moi. C'était donc comme ma grande soeur. Une nouvelle grande soeur. Je la trouvais bien séduisante. Nous avons connu à cette époque une vie familiale très intense. Ce fut comme un rêve qu'on s'est toujours remémoré avec nostalgie.
Le hasard a fait que presqu'au même moment où Zoreilles laissait son commentaire qu'on peut lire dans l'en-tête du billet, Jacqueline se mourait d'envie de revoir l'appartement de la rue Duvernay. Ce n'est pas dans sa nature de faire preuve d'autant d'audaces, mais il y a quelques jours, ce fut plus fort qu'elle. Elle alla frapper à la porte, le coeur battant d'émotions.
Un jeune homme entrebailla la porte. Jacqueline lui expliqua qu'elle avait habité l'appartement il y avait plus de 40 ans. Elle voulait le revoir. Le jeune homme la regarda d'un air suspect. Il était méfiant. Jacqueline insista. Finalement, il y eut un compromis. Le jeune homme accepta d'ouvrir la porte pour qu'elle puisse jeter un regard sans entrer.
Rien n'avait changé. La véranda dans l'entrée, la cuisine, la chambre de bain, la salle d'aisance, le salon, la chambre à coucher. Il y avait une seule chambre. Une grande chambre subdivisée par un rideau.
Moi, j'étais privilégié. Je dormais sur le divan du salon. Voici l'endroit où je dormais. Sur la photo, vous pouvez voir de gauche à droite, Yves, Michel et moi-même.
En entendant raconter la visite de Jacqueline, j'ai ressenti beaucoup d'émotions, un mélange de nostalgie, de douceurs et de tristesse. C'est incroyable tout ce qui a pu se passer là. On ne peut l'expliquer. Un vrai roman. Il y a eu des émotions fortes, de l'entr'aide, du mystère, de l'ambiance et beaucoup d'amour. J'oserais dire que ça sortait de l'ordinaire.
Il y a des moments dans la vie, si tristes soient-ils, tellement riches d'enseignements qu'il faut les partager. C'est ma conception des choses. J'ai l'intention d'en glisser un mot.
Maman, Jacqueline, Yves, Micheline, Michel, Manon et même toi, papa, Je suis sûr, les choses de cette maison vous regrettent autant que moi...
À suivre...
J'ai déjà eu une idée: faire le journal d'une résidence.
RépondreSupprimerAu moment d'acheter une maison ou occuper un loyer, je pourrais commencer à mettre une photo de la maison, ses pièces, le contexte dans lequel j'ai acheté la maison.
Je pourrais y indiquer ce que j'ai vécu de plus importants, les changements apportés aux pièces, pourquoi je l'ai fait, ajouter des photos.
Mettre aussi les photos des occupants à l'arrivée, au départ.
Ce journal de bord de la résidence pourrait être offert en cadeau aux nouveaux arrivants qui pourrait poursuivre le journal pour l'offrir à leur tour aux suivants.
J'ai déjà l'introduction en tête: Si les murs de cette maison pouvaient parler...
Oulala, ça fesse de me voir « le portrait » en arrivant chez vous, ce matin!!! Cette photo est de l'année dernière, j'ai les cheveux plus courts maintenant mais ne retournerai pas chez le photographe rien que pour ça...
RépondreSupprimerTu dois tenir beaucoup à la photo noir et blanc de ta famille (il manque ton père et Nicole mais ça reste une très belle photo de famille quand même). Elle est superbe, cette photo, on y « ressent » plein de choses, ça se « voit » qu'il y avait de l'amour chez vous, malgré les difficultés et les épreuves. Je ne sais pas, comme une complicité et une force entre les enfants. De si beaux enfants!
Ta tante Jacqueline a osé faire quelque chose que j'aurais bien voulu faire mais je n'y arrive pas. Pourtant, chaque fois que je vais travailler en Abitibi-Ouest, je passe devant la petite maison de mon enfance, mon école de la 1re et 2e année, la maison de mes grands-parents au Rang VII qui est toujours là mais maintenant tellement entourée d'autres maisons... Pourtant, chez moi, des gens sont revenus visiter où ils avaient vécu heureux, je les ai reçus comme de la grande visite et les ai trouvés chanceux d'avoir osé...
Faire le journal d'une résidence, nous l'avons fait pour notre chalet qu'on a vendu plus tard. C'est riche d'histoires et de nos photos de l'époque, des moments qu'on y a vécus, les signatures et commentaires de ceux qui venaient y séjourner avec nous, etc. Non, on ne l'aurait pas laissé, pour tout l'or du monde, à ceux qui ont acheté le chalet!!!
On l'a fait ici en arrivant, en 1991. Maintenant, on ne l'utilise plus beaucoup mais Crocodile Dundee y consigne encore les dates de gel du lac, du dégel au printemps et les soubresauts de la nature...
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RépondreSupprimerCher Jackss,
RépondreSupprimerc'est toujours avec grand intérêt que je lis tous vos billets. Par les temps qui courent, et vous comprendrez pourquoi, je n'ai malheureusement pas le temps d'y répondre avec toute l'attention que vos billets méritent. Et je m'en fais toujours un devoir d'y répondre avec le plus grand soin.. Ce matin, je me fais plaisir...
Je ne connais pas la rue Duvernay. Par contre, j'ai passé toute mon enfance à Duvernay, un quartier de Laval...Quel beau hasard encore...
Lorsque je lis votre billet, je me rends compte à quel point le départ de Nicole a changé des choses dans votre vie et celle de votre entourage. Curieusement, et, fort heureusement, les douleurs de la vie engendrent le resserrement des liens familiaux et l'amour y revient en force, plus grand. Et cette maison est à la fois le symbole de la douleur et de l'amour, du lien familial, à jamais soudé par tout ce vécu commun. De là sans doute le désir de revoir l'endroit, l'instant d'un moment, avec nos yeux d'adultes, n'est-ce pas? Et c'est très bien ainsi... Votre soeur Jacqueline ne serait pas devenue ce qu'elle est aujourd'hui, ni vous d'ailleurs.Jacqueline y a vécu des moments intenses et je suis heureuse qu'elle aie pu revoir cette maison où elle a vécu finalement de grands moments de bonheur avec vous tous...
Jackss, je regarde les photos et vous trouve très ressemblant avec aujourd'hui, vraiment. C'est vous, en mini!
Dormir sur le divan du salon, tiens donc!, Ma maman a connu ça aussi. Il semble que c'était monnaie courante dans les familles nombreuses!
Pour le reste, je dois dire que j'ai une vie intérieure très intense où les vivants et les morts se côtoient régulièrement. Je vais donc au cimetière et au colombarium régulièrement, entretenir soigneusement les lieux, leur parler, les remercier, prier et leur dire qu'ils sont encore là dans mon coeur. C'est ma façon de leur démontrer à quel point ils ont pu faire une différence dans ma vie.. Je suis une éternelle fidèle, attachée pour la vie à ceux et celles que j'ai aimés. Continuer à les aimer et leur parler au delà de cette vie terrestre fait partie de ma vie. Je sais qu'ils m'entendent et qu'ils sont là. Il m'arrive souvent de sentir leur odeur et particulièrement celle de ma grand-mère, mon père et mon prof de musique.
Les lieux de souvenirs... J'y réponds avec beaucoup d'émotion Jackss. Je fais souvent le tour des endroits où mon fils a pu rire, jouer,apprendre, chanter et avoir de grands moments de bonheur.Ces lieux, il y en a tant. Je m'arrête alors, regarde et pleure. Souhaiter intensément qu'il retrouve un jour son sourire et son équilibre? J'espère que ces moments que je revis sont aussi gravés aussi profondément à l'intérieur de lui-même. Ce sont des piliers indestructibles sur lesquels il peut toujours s'accrocher et...revenir.
Voilà Jackss,
je vous embrasse bien fort et merci pour tous vos beaux et chaleureux partages...
Avec tendresse,
Nanoulaterre xxx
"Mettre aussi les photos des occupants à l'arrivée, au départ."
RépondreSupprimerMon cher Jackss, ce que tu dis ici, est exactement ce qui se fait dans les presbytères et dans certaines églises, les photos des différente curés qui sont passés dans la paroisse sont accrochées sur les murs, c'est une sorte de mémoire collective.
"des différente"
RépondreSupprimerlire en réalité: des différents
Zoreilles,
RépondreSupprimerSur la première photo, il y a Nicole les yeux fermés. Il manque mon père et Manon. Je ne crois pas que nous n'avons jamais tous été sur la même photo.
Au moment où la photo a été prise, nous n'avions pas eu de nouvelles de mon père depuis 8 ans. Nous ne savions même pas s'il était encore vivant. Je faisais des recherches, j'envoyais des lettres à des gens qui l'avaient déjà connus. Nous ne le savions pas à l'époque, mais Manon cherchait secrètement le moyen de venir nous retrouver. Elle en était empêchée.
Zoreilles,
RépondreSupprimermon message est parti trop vite comme emporté par un coup de vent. Je voulais te dire que ton crocodile est bien original. Je n'ai jamais eu l'idée de noter les jours où il y avait de la glace autour de la maison.
Nanou,
RépondreSupprimerTu as écrit quelque chose de très beau et très touchant: (...)je dois dire que j'ai une vie intérieure très intense où les vivants et les morts se côtoient régulièrement. (...)Continuer à les aimer et leur parler au delà de cette vie terrestre fait partie de ma vie. Je sais qu'ils m'entendent et qu'ils sont là.
Ce sont des réflexions réconfortantes qui me rejoignent. J'oserais même dire qu'elles m'encouragent dans mon cheminement.
Jacqueline était la soeur de ma mère et donc ma tante. Je la considérais comme une soeur lorsqu'elle est venue vivre chez nous car la différence d'âge était minime. Avant le décès de Nicole, elle demeurait à environ 3/4 heure de nous. Je ne la voyais pas très souvent.
Barbe Blanche,
RépondreSupprimerTe voilà qui compare ma maison à un presbytère? Tout de même! Je n'en suis pas rendu là, Barbe Blanche. Je n'ai même pas la photo du Père Noël devant ma prote. Les photos, je les mettrais plutôt dans un cahier.
Je mets très rarement des photos au mur. Quand il y en a, je ne suis pas coupable. Je n'ai pas encore mis la photo du pape dans mon salon.
Je ne blâme pas ceux qui le font. Chacun ses idées. J'ai même déjà eu un beau frère qui avait converti une pièce de sa maison en un lieu de prières ou se trouvaient des statuts, des lampions et un prie-Dieu.
Jacks, en écrivant trop vite, j'avais fait une erreur impardonnable. En fait, je pensais Manon mais j'ai écrit Nicole, pour te faire remarquer que ton père et elle n'y étaient pas. J'avais bien compris que ta soeur décédée à une si jeune âge, Nicole, est juste à côté de toi sur cette photo que je trouve si « parlante ».
RépondreSupprimerErrare humanum est, Zoreilles
RépondreSupprimerTant qu'on fait des erreurs, c'est le signe qu'on est vivant.
"Errare humanum est,"
RépondreSupprimerà ce que je vois, le presbytère t'as inspiré AH AH AH ........
Bonsoir Jackss
RépondreSupprimerDans les années 50,je vivais avec mes parents à Pierreville,un petit village que j'ai beaucoup aimé.
Il y avait des beaux pommetiers dans ma cour,et un petit jardin.
Je fus très heureuse dans notre maison,que ma mère et moi avons du quitter en 1962,vu que mes parents se sont séparés.
Je vis à Montréal maintenant,et je n'étais jamais retourné à Pierreville.
Un jour,j'ai fait un rêve,je regardais mon ancienne maison,une dame me demandait ce que je faisais là,je lui disais de ne pas s'inquièter,je lui expliquais que j'avais vécu à cet endroit 40 ans plus tôt,et mon rêve se termine.
Et bien ce rêve est devenu une réalité,je suis retourné à Pierreville,je regardais mon ancienne maison,une dame est sortie me demandant ce que je faisais là,et je lui ai dit la même chose que dans mon rêve,et c'est à ce moment-là que j'ai réalisé que j'avais fait un rêve prémonitoire.
J'ai ressenti tellement une belle énergie en revoyant les lieux où je fus si heureuse dans mon enfance.
Je garde un beau souvenir de ces moments précieux.
Je regarde votre photo de famille,Jackss,et je me dis que les photos se sont des petits trésors à conserver précieusement.
C'est tellement agréable de regarder ces instants de bonheur vécu avec ceux que l'on a aimé.
Bonne fin de soirée
De Linda
Bonjour Linda,
RépondreSupprimerC'est fascinant ce que tu racontes. Tu le décris tellement bien. J'ai ressenti fortement l'émotion que tu décris si bien.
Les rêves prémonitoires, j'y crois moi aussi. J'en ai eu de très puissants. Et depuis ce temps, je suis toujours fortement intéressé par des récits comme le tien.
Merci d'être là, Linda