Pour en faciliter la compréhension, je me permets de reproduire le dernier paragraphe du dernier billet
On peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui
Pierre Desproges
Un jour, Daniel m'a appelé de sa chambre d'hôpital où il venait d'être admis d'urgence. Je me suis empressé de m'y rendre. On m'a expliqué qu'il était dans une section isolée et que je devais porter un masque pour aller le voir. Tabarouette! Que je me suis dit. Ça doit être grâve.
Pour moi tout ce décor était surréaliste. J'ai entamé la conversation, comme on le fait toujours en demandant à Daniel: Comment ça va ? Et, selon ce que veut l'usage, il m'a répondu: Ça va bien. Et à le voir, rien ne laissait croire que ce n'était pas le cas.
Daniel m'a expliqué le contexte qui l'avait amené à l'urgence et son passage rapide en isolation. Il m'en parlait de façon tellement décontractée que je n'ai pu m'empêcher de rire en imaginant la peur qu'il avait dû ressentir. Nous avons ri de bon coeur, parlant de choses et d'autres. Et je suis reparti de bonne humeur en lui promettant de revenir.
Deux ou trois jours plus tard, j'apprenais son décès. Je prenais toute la mesure du fait que la vie ne tient qu'à un fil. J'étais bouleversé et me sentait incapable de me rendre le voir au Salon funéraire. Il venait de la Gaspésie. Je ne pouvais rien lui apporter en lui rendant visite au Salon funéraire. Et de toute façon, je trouvais que c'était une coutume barbare que d'exposer un corps après le décès. Je trouvais même que c'était de l'indécence.
Le lundi, en revenant au travail, on m'a appris que toute la fin de semaine, la copine de Daniel avait demandé, au Salon, si j'allais venir faire une visite. Aux funérailles, elle a demandé à mes collègues de travail comment il se faisait que je n'était pas venu voir Daniel avant son dernier repos.
Cet incident a transformé à jamais ma façon de voir et d'agir lors d'un décès. Depuis ce temps, je me fais toujours un devoir d'être présent lors d'événements tragiques. Je sais qu'une présence dans ces occasions n'a pas de prix.
La Bohème
Ça ne veut plus rien dire du tout.
Merci Jackss pour vos commentaires laissés sur mon blog. Je commence et je viens de créer ma liste de blogs dans laquelle le vôtre est maintenant listé. Félicitations pour votre contenu d'excellente qualité. Vous êtes un bel exemple pour les baby boomers :-)
RépondreSupprimerMerci boomers en santé
RépondreSupprimerJ'apprécie cet honneur que vous me faites. C'est avec plaisir que je vous ai rendu la politesse. Votre blogue est également listé dans la liste de mes préférés.
C'est une bonne idée que vous avez eu d'ouvrir un blogue sur la santé des boomers. Vous pouvez me compter dans la liste de vos nouveaux adeptes.
La présence pour ceux qui restent. Tellement difficile d'être juste dans ces moments là.
RépondreSupprimerEtre un appui mais ne pas être intrusif. Aider mais respecter...
Beau texte.
Dans notre culture, il y a tellement de tabou autour de la mort. Nous avons « institutionnalisé » tout ce qui tourne autour, je trouve.
RépondreSupprimerJe vais parfois au salon funéraire, aux funérailles, bien sûr, comme tout le monde. Jamais de gaieté de coeur, évidemment.
Mais quelque chose me dérange là-dedans et je l'ai vécu encore plus profondément lors du décès d'un proche : au salon, aux funérailles, il y avait tellement de gens que je devais m'occuper de « gérer ça », il faut tout de même faire les présentations, accueillir, saluer les gens, recevoir leurs condoléances, les remercier, organiser la cérémonie, les lectures, les chants, et tout l'aspect « administratif » de la chose.
Alors, il y a trop de monde en même temps, on voit tout le monde mais on ne voit personne en réalité, on devient très « relations publiques ». Mais après, plus rien...
On a occulté notre peine, on la vit dans la plus cruelle des solitudes.
Et on se promet que quand quelqu'un vivra ça à son tour, on sera là, dans la semaine ou le mois qui suit : un coup de fil, une carte, une petite lettre avec des mots qui réconfortent, un bon café, un repas chaud, une rencontre où l'on sera à l'écoute, où l'on se souviendra ensemble, bref, n'importe quoi mais rien de bâclé, d'occulté, quelque chose de plus personnel et de plus vrai.
Pas tellement pour ceux qui partent mais pour ceux qui restent...
C'est tellement vrai tout ce que tu racontes, Zoreilles
RépondreSupprimerAlors, il y a trop de monde en même temps, on voit tout le monde mais on ne voit personne en réalité, on devient très « relations publiques ». Mais après, plus rien...