lundi 21 juillet 2008

Quelques secondes

L'homme appartient à la vie, mais la vie n'appartient pas à l'homme.
[Fabien Blanchot]


Sans le hasard et quelques secondes de répit, ma vie se serait arrêtée brusquement, laissant mon niveau scolaire primaire inachevé. Un vrai miracle! Ou un simple hasard. L'histoire est incroyable, authentique malgré tout.

J'avais 7 ou 8 ans. J'étais en visite chez mon oncle "Jacob" Champagne. Ce dernier possédait et possède encore une ferme familiale peu commune, dans la campagne d'Acton Vale. La maison de style victorien, construite en 1870, possède 22 pièces. Rien à voir avec les habitations d'aujourd'hui. La terre faisait 200 arpents. La photo ci-contre donne une idée du domaine.

J'étais impressionné par la maison, les bâtiments de ferme, la machinerie agricole. Juste devant la ferme, il y avait ce jour-là une très grande charette chargée de foin. Une grande fourche mécanique agrippait d'immenses charges dans la charette pour remiser le tout dans la grange. Curieux, et quelque peu hyperactif, j'ai voulu voir ça de plus près.

Je suis monté dans la " tasserie". Le nom est normand et désigne la pièce où on entasse le foin, le blé... pour l'hiver. Arrivé en haut, sur le tas de foin, j'ai vu la grande fourche remplie de foin au dessus de ma tête. De là, le spectacle était excitant. J'ai levé la tête pour mieux observer le décor. C'est à ce moment précis que la grande fourche a lâché son contenu. Et je l'ai vu de très près. Mais pas pour longtemps. J'ai été complètement ensevelli, ne pouvant plus bouger. J'ai poussé un cri, puis un long gémissement. Puis, j'ai eu le souffle complètement coupé par une seconde charge tombée sur moi.


Je me souviens de la suite comme si c'était hier. Je ressentais comme une boule dans la poitrine et une sensation désagréable d'oppression. Dans ma tête, c'était clair: j'étais sur le point de voir à quoi ressemblait l'autre monde. J'étais curieux, mais triste à l'idée de ce que ma famille allait vivre en me trouvant, je ne savais trop quand, sous le tas de foin. Je me souviens avoir eu le temps de réciter mon acte de contrition.

À suivre...

7 commentaires:

  1. J'imagine que vous avez hâte de savoir si je suis encore vivant...

    Je vous donnerai la réponse bientôt.

    RépondreSupprimer
  2. Merci pour ce charmant message, Anonyme

    je devrais dire pour ce sourire. On dirait le sourire d'un ange.

    J'en profite pour attirer votre attention sur un livre qui raconte fort bien l'histoire de la petite famille Champagne sur la terre familiale dont j'ai laissé la photo aérienne en haut de mon billet.

    C'est une très belle initiative de ma cousine Anne-Marie Champagne. Elle a publié le livre "Sous le noble chêne, en 2007, à l'Imprimerie Acton.

    C'est après avoir suivi un atelier d'écriture que l'idée lui est venue. Sur la pochette, on peut lire:

    La vaste maison au bord de la rivière, les grands-parents, les parents, les frères, les soeurs, les oncles, les tantes, les cousins, les cousines, les voisins, les amis, le rythme des saisons et le noble chêne formaient alors tout son univers d'enfant.

    Le livre contient plusieurs photos, des lettres manuscrites, et plus encore. Les descriptions détaillées et très visuelles font revivre tout un univers sur plusieurs décennies.

    Je salue une si belle réalisation. Dans un monde si éphémère, dans un monde où on balaie si facilement le passé, son monde, ses joyaux, je salue avec émotion ces instants captés pour les générations futures.

    Et je vous invite à continuer à vivre mes aventures à la frontière de l'au-delà. Vous saurez très bientôt si j'y ai mis les pieds pour vrai et si j'y suis revenu.

    En attendant, priez pour moi.

    RépondreSupprimer
  3. Salut Jackss
    Ton aventure sur la tasserie de foin de la ferme familiale fait partie de l'histoire de notre famille.
    Papa raconte cet évènement encore avec beaucoup d'émotion.
    Est-ce que le hasard existe? Voici un fait rattaché à ton aventure....la voisine qui a alerté papa, Mme Savoie,c'est la tante de mon chum, Nornand.
    Cet ange est décédé l'automne passé.Elle doit encore veiller sur toi....
    Marguerite....xxxx

    RépondreSupprimer
  4. Merci de ce détail touchant, Marguerite

    Ce détail m'intéresse beaucoup. Je l'ai relu et j'ai fait un silence. Une belle coïncidence. Un ange de plus qui veille sur moi, ça me donne des ailes. Dans cette aventure qui m'est arrivée, Madame Savoie était vraiment guidée par un ange!

    Je n'ai qu'un regrêt: ne jamais avoir eu l'idée de la rencontrer, la connaître, la remercier. Elle est demeurée présente pour moi, mais invisible. Comme les anges.

    RépondreSupprimer
  5. Avant de partir en vacances, j'étais restée dans l'inquiétude, je cours donc lire la suite, il me tarde de savoir si t'as survécu...

    S'il fallait...

    RépondreSupprimer
  6. Bonjour Marguerite,

    J'ai appris que tu t'étais fracturé une jambe en tombant de la piscine. Je comprends que ça gâche un été déjà éprouvant et les inquiétudes de ta famille, incluant tes parents.

    Mes pensées sont avec toi et je te souhaite de te porter mieux le plus rapidement possible. Je te souhaite bien amicalement tout le courage nécessaire.

    Amicalement!

    RépondreSupprimer